16/11/2015

Notre beau pays des droits de l'homme s'enivre, à juste titre, de ses vertus démocratiques qu'il aime bien enseigner aux autres, notre fameux droit d'ingérence. Personne de raisonnable ne peut le contester en première analyse, oui mais, en y regardant de plus près, tout le monde voit bien les catastrophes auxquelles cela peut mener tant que l'on n'a bien préparé la succession des tyrans renversés.
 
Et il se vérifie toujours que cette deuxième phase du processus est riche de contradictions avec le principe même de démocratie au nom duquel nous sommes intervenus. On croit souvent avoir trouvé la nouvelle équipe dirigeante qui devrait se charger de la transition démocratique. Mais, installée par une puissance étrangère, bourrée certes de bonnes intentions, la légitimité du nouveau pouvoir reste cependant limitée, pour ne pas dire plus. Personne n'a pleuré les disparitions de Saddam Hussein et de Mouammar Kadhafi et les interventions occidentales ont prévenu de probables massacres des populations civiles mais pour le piteux résultat final que l'on mesure désormais.
Sans vraiment pouvoir comparer les situations, au plan intérieur, français comme européen, on réalise bien aujourd'hui également les drames auxquels peut conduire une conception trop angélique de la démocratie. Souvenons nous, dés l'affaire Mohamed Mehra, il y a quatre ans, nos meilleurs esprits ont tout de suite proclamé qu'il ne fallait surtout pas succomber à la tentation d'un " Patriot Act" à l'américaine. La prétendue guerre que l'on fait semblant de découvrir, suite aux horribles massacres perpétrés à Paris le 13 novembre, était pourtant bien déjà déclarée il y a quatre ans. Des appels au meurtre de "croisés" français étaient déjà lancés à cette époque, par tous moyens, y compris par armes blanches et de manière indifférenciée contre tout civil croisé dans la rue! Nos services de renseignements ont certainement dû, depuis lors, tuer dans l'œuf nombres de projets d attentats. Mais les barrières "Vigie Pirate" autour des groupes scolaires ne constituent qu'une réponse dérisoire au risque majeur alors pleinement révélé.
Les professions judiciaires par réflexe, les politiques par idéologie ou erreurs d'appréciation, la presse de gauche par ignorance, insouciance ou haine de l'Amérique, n'ont eu de cesse de mettre en garde contre un "Guantanamo" à la française. Les forces de l'ordre ont dû justifier des moyens utilisés pour neutraliser les terroristes en flagrant délit. On a même laissé des proches de ces derniers porter plainte contre leur exécution. Il aura fallu quatre ans pour revoir et élargir les conditions d'exercice par les forces de l'ordre de leur droit de légitime défense. Le comble de l'aberration a été atteint il y a quelques semaines lorsque de doctes juristes se sont répandus dans les médias pour s'interroger sur le droit qu'avait l'armée de l'air française de bombarder nos ressortissants présents dans les camps d'entraînement de Daech! On a même murmuré au sournois rétablissement de la peine de mort.
Ce n'est pas céder à la panique que de réclamer que soient élargies les possibilités de contrôle des communications ainsi que d'identité, que soient appréhendés ceux des 5000 radicaux fichés dont la liberté surveillée n'est pas absolument nécessaire aux enquêtes en cours, enfin que les apprentis djihadistes ne puissent plus prétendre faire impunément du tourisme sur les fronts du Moyen Orient. Ces derniers doivent être considérés comme coupables de trahison, quelles qu'aient été leurs actions concrètes dans ces zones, à l'instar des légionnaires et volontaires français partis rejoindre Hitler.
Il serait bien sûr présomptueux pour le simple observateur que je suis de formuler des suggestions d'inflexion de la politique extérieure de la France. Qui ne voit cependant que les ennemis de nos ennemis ne sont peut-être pas forcément nos amis mais que des intérêts communs justifieraient certaines formes de concertation dans la lutte contre Daech. La Russie, l'Iran, et , horreur, l'actuel pouvoir Syrien et même le Hezbollah chiite! Sans aucune information particulière on ne peut que constater que la France, c'est une litote, n'est guère allante sur ce point.
C'est dommage car notre pays accomplit au plan extérieur, c'est incontestable, des efforts méritoires qui vont même sans doute au delà de ses capacités économiques dont la faiblesse constitue le principal échec de l'équipe aux affaires. Washington s'est déjà rapprCoché de Téhéran, s'apprête à converser avec Moscou, attention à l'isolement.
 
L'heure est bien sûr au recueillement, à la compassion et à l'union nationale mais cette dernière implique que les acteurs du pouvoir démontrent leur volonté et leur efficacité et expriment vraiment la volonté nationale. Il leur reste à se libérer de l'emprise des milieux qui, prônant une démocratie formelle, se privent des moyens d'en assurer le libre exercice, en refusant la sanction sans merci de ses ennemis.
 
Limeil-Brévannes, le 15 novembre 2015