06/01/2016

Année certes difficile pour le monde occidental, 2015 a ébranlé quelques unes de nos certitudes françaises mais certainement conforté paradoxalement certaines de nos convictions.
Du plus léger au plus grave:

  • Nous avons perdu notre rang mondial et même européen en matière de rugby après l’humiliation infligée par les All Blacks.
  • Nous n’avons pas eu de vrai blockbuster en matiére de cinéma comparable aux Chtis, Qu’est ce qu’on a fait au bon dieu ou à Intouchable.
  • La Boussole goncourisée demeure aussi absconse que ses prédécesseurs. La ligne A du RER parisien a subi autant d’incidents de parcours que d’habitude.
  • La promesse gouvernementale d’une politique de l’offre (31 décembre 2013 et 14 janvier 2014) ainsi que de réformes et d’économies, s’est traduite par une restitution très partielle du fardeau imposé aux entreprises et aux contribuables. N’oublions pas cependant la libéralisation du transport en autocars et du métier de la coiffure !
  • A défaut de briller au Rugby ou au cinéma, nous conservons jalousement les records de prélèvement de l’État sur le PIB ( 57%) et luttons victorieusement pour coller au peloton des plus de 10% de chômeurs. Et nous affirmons haut et fort qu’il n’y a aucun rapport entre ces deux chiffres.
  • Nous croyions détenir une culture pluri-séculaire, incorporant il est vrai des apports extérieurs, progressivement assimilés car conformes à notre sens du progrès, or nos plus brillants cerveaux ont tenté de nous convaincre de toute la vanité qu’il y aurait à se battre pour la conserver. En effet la relativité nous enseigne qu’à l’échelle de la planète notre petit tas de coutumes et de pratiques hexagonales ne vaudrait guère mieux que l’immense sagesse ancestrale qui régit la vie patriarcale des fratries regroupées sous la hutte en bambou et dont nous aurions beaucoup à apprendre !
  • Enfin bien sûr, nous étions persuadés d’être les victimes d’un terrorisme mondial odieux qui vise notre destruction ou notre soumission parce que nous ne lui ressemblons pas. En réalité les milieux les plus «progressistes» affirment que nous l’avons bien mérité à force de violences infligées aux peuples musulmans dont nous refusons obstinément d’adopter modes de pensée et d’action, alors même qu’ils se sacrifient pour venir ici nous aider à développer notre économie.

Alors» mon cher vieux pays « (1) que reste-t-il de tes certitudes ? Paradoxalement la gravité de notre situation économique, politique et stratégique, largement sous-évaluée par le pouvoir en place, est de nature à galvaniser les énergies de notre peuple. Loin des fausses certitudes des extrémistes dont les ubuesques propositions économiques sont le symétrique de la vanité des propositions pour notre identité, un consensus pourrait se dégager autour des axes suivants:

  • Notre identité, parce qu’elle a rarement été aussi menacée, est notre bien le plus précieux, aucune concession ne doit être consentie aux atteintes qui la visent, tout en lui maintenant les possibilités d’évolution que lui ouvrent des apports extérieurs qui la ferait progresser.
  • Il ne faut plus choisir entre sécurité physique et sécurité financière du pays, la première n’ira pas sans l’autre. Les réformes qu’ont pratiquées tous les grands pays raisonnables sont possibles chez nous. Il faut secouer l’invraisemblable joug de conservatisme, syndical notamment, qui paralyse notre pays en sacrifiant les chômeurs au maintien des avantages acquis par ceux qui ont la chance d’avoir du travail. Penser que le pays doit pouvoir financer son effort de défense nationale sans tendre la sébile sur les marchés financiers internationaux n’est ni de droite ni de gauche, c’est élémentaire mon cher W...
  • À la lueur des événements récents nous ne devons entretenir aucun complexe sur le bien fondé de notre action militaire à l’étranger. On voit de plus en plus qu’elle reste dans la tradition à la fois défensive et émancipatrice qui est notre marque depuis 1789. Cela devrait rassurer les palais les plus délicats des grandes consciences qui cultivent la pratique compulsive de l’excuse. Il conviendra cependant, plus que par le passé, d’être attentif à la mise en place des solutions politiques qui succèdent inéluctablement à l’action militaire.
  • Quant au sport, le renouvellement des encadrements et d’une partie des équipes devrait suffire. Remarquons cependant que pour regagner la coupe Davis, l’exemplarité du choix du nouveau patron, plus prompt à donner des leçons qu’à régler sa dette fiscale, peut se discuter.

Notre peuple n’est jamais si résolu que lorsqu’il touche le fond de la piscine, l’année qui vient est une nouvelle occasion de le prouver. C’est en tout cas ce que je nous souhaite à tous profondément.
(1) Charles de Gaulle le 29 janvier 1960
Jean-Paul Pierret. 23 décembre 2015